Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/174

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pense de même. — Elle a une haute opinion de miss Fenton ; ce qu’elle disait n’était que plaisanterie. »

— « Mais, mademoiselle, la plaisanterie est une chose pernicieuse, quand elle est accompagnée d’un sourire malin. J’ai vu des plaisanteries flétrir la réputation d’une femme ; j’ai vu des plaisanteries inspirer à une personne du dégoût pour une autre ; j’ai vu des plaisanteries rompre un mariage. »

— « Mais je suppose qu’ici il n’y a rien de semblable à craindre, » dit miss Woodley, désirant bien qu’il pût y répondre qu’au contraire il y avait tout à craindre.

— « Non pas, autant que je puis prévoir ; à Dieu ne plaise, car je les regarde comme formés l’un pour l’autre : leur caractère, leurs goûts, leurs inclinations sont les mêmes, et, comme dit l’Écriture, leur amour est pur et blanc comme la neige. »

— « Et tout aussi froid, j’ose le dire, répliqua miss Milner. »

Sandford parut vivement irrité.

— « Ma chère, s’écria miss Woodley, comment pouvez-vous parler ainsi ? Tout de bon, je crois que vous êtes envieuse, et cela uniquement parce que milord Elmwood ne s’est pas offert à vous. »

— « À elle ! dit Sandford, affectant la plus grande surprise. — À elle ! croyez-vous donc qu’il ait été relevé de ses vœux pour devenir le mari d’une coquette, d’une… »

— « Tenez, monsieur Sandford, s’écria miss Milner en l’interrompant, je crois que mon plus grand crime à vos yeux est d’être hérétique. »

— « Point du tout. — Mais cette considération est la seule qui puisse vous justifier ; car si vous n’aviez pas cette excuse, il ne vous en resterait aucune. »