Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/178

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— « C’était la conduite d’une personne qui a une passion dans le cœur : on n’en saurait douter. »

— « N’est-ce pas là ce que je dis ? reprit-il avec feu, et cela ne suffit-il pas pour justifier mes soupçons ? »

— « Il n’y a qu’un homme au monde sur qui l’on puisse les fixer, » dit miss Woodley en rougissant.

— « Ce n’est donc pas un homme que je connaisse ? Assurément, je ne le connais pas ; » — et il était aussi surpris de ce que miss Woodley venait d’insinuer, que bien assuré qu’elle était dans l’erreur.

— « Peut-être me suis-je trompée, » répondit celle-ci.

— « Trompée ? mais cela non plus n’est pas possible, reprit-il avec une extrême émotion : je vous vois toujours avec elle ; et quand elle n’aurait pas de confiance en vous (heureusement je sais le contraire et je m’en réjouis), encore ne pourriez-vous pas ignorer ses vrais sentimens. »

— « Je crois les connaître parfaitement, » reprit miss Woodley d’un ton si assuré que milord ne douta plus qu’il n’y eût entre elles quelque secret.

Il hésita un moment. — « Je suis bien loin, lui dit-il, de vouloir pénétrer les sentimens particuliers de ceux qui désirent que je n’en sois pas instruit ; je suis encore plus éloigné de prendre, pour les connaître, quelque moyen peu honnête, et c’en serait un, je crois, que de vous presser davantage. — Cependant je ne puis que gémir de les ignorer ; je voudrais donner à miss Milner des preuves de tout mon attachement pour elle, mais elle s’y oppose absolument, et chaque pas que je fais pour son bonheur, je ne le fais qu’avec la défiance la plus inquiète. »

Miss Woodley soupira, et ne dit pas un seul mot. Milord attendait sa réponse ; comme elle n’en faisait aucune, il continua :

« Si jamais une indiscrétion peut être pardonnable, j’ose