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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/179

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dire que ce serait dans une occasion telle que celle-ci. Mon caractère et la nature de mes relations avec miss Milner sont faits pour inspirer de la confiance en moi. Ses intérêts sont devenus les miens, et mon bonheur est tellement attaché à celui de ma pupille, qu’on ne devrait jamais craindre de lui faire le moindre tort en me révélant le secret de son cœur. »

— « Oh ! milord, s’écria miss Woodley dans le plus grand trouble, vous êtes de tous les hommes celui à qui elle me pardonnerait le moins de l’avoir révélé. »

— « Pourquoi cela ? reprit-il vivement. Mais voilà l’usage ordinaire : c’est toujours d’un ami que nous nous défions le plus ; nous redoutons ses conseils, quoique ses conseils puissent nous sauver. — Miss Woodley, ajouta-t-il d’une voix attendrie par la force du sentiment qui le faisait parler, n’êtes-vous pas bien persuadée que je ferais tout au monde pour le bonheur de miss Milner ? »

— « Tout, milord, tout, en honneur ? »

— « Elle ne peut rien vouloir qui soit indigne d’elle, répondit-il fort agité. Ce qu’elle désire serait-il donc d’une nature que je ne puisse y souscrire ? »

Miss Woodley ne répondit rien.

— « Quelque étendue que soit mon amitié, cependant elle a quelques limites, et c’est en m’y arrêtant, continua-t-il d’une voix plus élevée, que je la sauverai en dépit d’elle-même. »

Puis, d’un ton plus calme : — « Quand il s’agit de s’engager par les nœuds sacrés et redoutables du mariage, par ces nœuds que je n’ai jamais envisagés qu’avec effroi, je sais que bien des femmes ne sauraient rendre raison du goût bizarre et souvent dépravé qui dirige leur choix. Si miss Milner est dans ce cas, le choix qu’elle a fait d’un mari n’aura pas mon approbation ; si elle ne sait pas s’es-