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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/180

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timer tout ce qu’elle vaut, c’est à moi de l’apprécier. Il n’y a pas un homme au monde qu’indépendamment de sa fortune, la beauté de miss Milner ne pût captiver : malgré sa légèreté, elle a une aimable franchise dans le caractère, une sagesse naturelle dans ses pensées, une vivacité d’esprit et en même temps une douceur dans les manières qui suffiraient pour fixer le cœur de l’homme le plus délicat et le plus en garde contre l’amour ; je ne veux pas que tant de qualités, tant d’avantages soient dégradés. Il est de mon devoir de ne pas souffrir quelle s’expose aux suites malheureuses d’un choix indigne d’elle, et je remplirai mon devoir. »

— « Milord, le choix de miss Miner n’est pas dépravé, il n’est que trop exquis, peut-être. »

— « Que voulez-vous dire, miss Woodley, vous parlez d’un ton mystérieux ; mais si elle a quelque crainte, n’est-ce pas de me voir contrarier ses inclinations ? »

— « Elle est sûre, milord, que vous n’y souscrirez pas. »

— « Le choix qu’elle a fait est donc indigne d’elle ? »

Miss Woodley se lève, presse ses mains l’une contre l’autre, chacun de ses regards, chacun de ses gestes prouvent tour à tour son désir et sa crainte d’en dire davantage. L’attention de milord Elmwood était déjà fortement engagée ; elle devient plus vive encore à la vue de l’agitation de miss Woodley.

« Milord, dit celle-ci, d’une voix tremblante, promettez-moi, déclarez-moi, jurez-moi que le secret ne sortira pas de votre sein, et je vais vous faire connaître quel est l’objet de toutes ses affections. »

Cette préparation fit trembler milord Elmwood ; il s’empressa aussitôt de repasser dans sa mémoire tous les hommes que pouvait connaître miss Milner, afin de deviner la vérité encore plus vite qu’on ne pouvait la lui apprendre ;