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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/181

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mais ce fut en vain, et il tourna ses yeux sur miss Woodley, comme pour l’interroger de nouveau. Il la trouva muette et montrant le plus grand embarras. Il en revint donc à chercher encore dans son esprit, et cette fois, ce ne fut pas sans succès ; le premier objet qui se présente — c’est lui-même.

La rapide expression de mille sentimens différens qui se peignirent aussitôt dans tous les traits de milord apprit à miss Woodley que son secret était découvert. Elle se cacha le visage dans son sein, et ses pleurs, qui coulaient en abondance, assurèrent milord Elmwood, mieux que tous les sermens possibles, qu’il avait deviné juste. Leur silence mutuel dura quelques momens, et miss Woodley attendait dans la plus cruelle anxiété ce qu’il allait dire ; au bout de deux secondes, elle entendit ces paroles :

« Pour l’amour de Dieu, prenez garde à ce que vous faites ; vous allez détruire tous les plans que je formais pour l’avenir ; vous m’allez rendre ce monde trop cher. »

À ces mots elle leva la tête et rencontra les yeux de Dorriforth. Ils étaient brillans de joie, d’amour, d’espérance, de surprise et d’ardeur. Jamais elle n’y avait vu le feu dont ils étincelaient en ce moment. Elle commença à s’alarmer ; elle désirait qu’il aimât miss Milner, mais qu’il l’aimât avec modération. Miss Woodley en savait trop peu sur cette matière, pour voir que c’eût été ne pas l’aimer du tout, ou du moins, pas assez pour rompre tous les liens, pour vaincre tous les obstacles qui s’opposaient à leur union.

Milord Elmwood s’était aperçu de tout l’embarras où sa présence mettait miss Woodley ; il entendait tous les reproches qu’elle semblait se faire à elle-même. Pour lui rendre le courage et la tranquillité : « Miss Woodley, lui dit-il en posant avec force la main sur son cœur : vous fiez-vous à ma parole ? »