Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/187

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cieux, et se reprocha intérieurement d’avoir jamais pu l’offenser.

« Miss Fenton, répondit lord Elmwood, a un frère avec elle : sa santé, son bonheur sont l’objet des soins de son frère ; miss Milner doit être l’objet des miens. »

— « M. Sandford, dit miss Milner, je crains que vous n’ayez eu à vous plaindre de moi hier au soir. — Voulez-vous me pardonner ? »

— « Non, mademoiselle, répliqua-t-il, pas de pardon sans amendement. »

— « Eh bien ! dit-elle en souriant, si je vous promettais de ne plus vous offenser ! »

— « À quoi bon une promesse que vous ne tiendriez pas ? »

— « Ne lui en faites aucune, dit milord Elmwood, car il s’efforcerait de vous y faire manquer. »

C’est ainsi que la soirée se passa, et miss Milner se retira chez elle plus heureuse, plus satisfaite que les apparences ne le lui avaient promis le matin. Miss Woodley n’avait pas moins de sujet d’être contente. Une seule pensée troublait sa joie : c’est qu’il y avait dans le monde une femme nommée miss Fenton ; elle aurait désiré avoir connu l’état de son cœur, aussi bien que celui de miss Milner, et avoir pu prendre cette connaissance pour règle de sa conduite ; mais depuis quelque temps miss Fenton évitait leur société, et d’ailleurs elle était trop réservée pour s’ouvrir devant elles. Miss Woodley ne trouva donc rien de mieux à faire que de se reposer sur la pureté de ses intentions et d’abandonner le reste à la Providence.


Il faut que le lecteur s’arrête ici un moment. Voilà, pour ainsi dire, un acte qui vient de finir. Les personnages ont quitté la scène ; quand ils y reparaîtront, leur situation sera changée.