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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/190

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fidèle pilote, cependant je veux m’y embarquer avec vous, dussé-je être témoin de votre naufrage. Plus vous méprisez mes avis, plus ils vous sont nécessaires, ainsi, à moins que vous ne m’ordonniez de quitter votre maison, ce que vous ferez bientôt pour plaire à votre future épouse, je continuerai de rester avec vous. »

Le lord Elmwood, qui l’aimait sincèrement, fut charmé de lui voir prendre ce parti ; cependant, depuis que sa raison et son cœur lui avaient dit qu’il devait rompre avec miss Fenton et épouser sa pupille, il avait été inflexible dans cette résolution, que Sandford n’avait pu ébranler un seul moment ; et même, pour ne pas donner à celui-ci la moindre espérance de le trouver quelque jour plus docile, il ne l’avait pas pressé de rester chez lui. Sandford voyait avec chagrin son inflexibilité ; mais convaincu de l’inutilité de ses représentations, il se soumit, quoique à dire vrai, de mauvaise grace.

De toutes les personnes qui pouvaient s’intéresser à ce changement dans les vues de milord Elmwood, miss Fenton était peut-être celle qui en fut le moins affectée. C’était sans répugnance qu’elle se serait mariée ; c’était sans peine aussi qu’elle ne se mariait pas ; et comme M. Sandford avait été chargé auprès d’elle des premières ouvertures de mariage de la part de milord Elmwood, ce fut encore lui que milord envoya à miss Fenton, pour la faire consentir à lui rendre sa promesse. Elle reçut deux propositions si opposées avec la même indifférence de cœur et le même sourire d’une froide approbation.

C’était ce caractère de miss Fenton, très bien connu de milord Elmwood, qui faisait envisager à celui-ci le mariage comme un triste hiver ; tandis que la vive sensibilité de sa pupille le lui représentait, en ce moment, sous l’image d’un printemps perpétuel, ou, ce qui vaut mieux