Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/191

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encore, avec l’agréable variété des trois plus belles saisons de l’année.

C’était aussi sur cette indifférence, sur cette apathie de miss Fenton, qu’il fonda l’espoir de lui faire agréer son changement ; car il conservait encore assez de la sainteté de son premier état, pour renoncer à son propre bonheur, et même à celui de sa bien-aimée pupille, plutôt que de déchirer le cœur d’une autre femme par une perfidie ; mais avant d’offrir sa main à miss Milner, il était déjà sûr qu’il n’aurait rien de semblable à se reprocher. De plus, miss Fenton l’assura elle-même qu’elle songeait moins aux joies de la terre qu’à celles du ciel ; elle regarda cet événement comme un motif pour se retirer dans un cloître ; ainsi, elle fut plus disposée à s’en réjouir qu’à s’en affliger. Son frère, qui, par sa retraite, devait hériter de toute sa fortune, fut absolument du même avis que sa sœur.

Perdue, si je puis le dire, dans cet océan de bonheur qui l’environnait, miss Milner se demandait quelquefois à elle-même : — « Mes charmes ne sont-ils pas plus puissans que je ne l’avais cru jusqu’ici ? Dorriforth, l’austère, le pieux, l’anachorète Dorriforth a reconnu leur empire ; ils ont allumé dans son cœur la plus ardente passion ; je n’ai qu’à affecter un moment de dédain, pour voir ce prêtre superbe, ce tuteur sévère, ramper devant moi comme le plus humble esclave de l’amour. » — Elle se disait ensuite : « Pourquoi ne l’ai-je pas tenu plus long-temps en suspens ? Il ne pourrait m’aimer davantage, je le sais ; mais mon pouvoir sur lui en serait devenu plus grand encore. L’amour qu’il m’a montré me rend la plus heureuse des femmes ; mais je doute que cet amour fût à l’épreuve des mauvais traitemens. S’il n’y résiste pas, je ne suis point aimée comme il me serait doux de l’être. S’il y résiste, au con-