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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/193

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Parmi tous les sujets de plaintes qu’elle lui donnait, le défaut d’économie dans l’emploi de son revenu n’était pas le plus léger. De tous côtés, on apportait des mémoires à milord Elmwood, en même temps que sur le registre de dépenses qu’elle tenait elle-même, on ne trouvait guère que des articles de coiffures que souvent elle ne portait pas, de bijoux qui étaient passés de mode avant d’être payés, et des charités dirigées par un esprit de caprice. Il se plaignait encore de ce qu’elle rentrait trop tard et de ce que, le plus souvent, elle voyait des personnes dont il n’approuvait pas le choix.

Elle prenait plaisir à voir son tuteur partagé entré l’amour qu’il avait pour elle et l’obligation où il se croyait de la réprimander ; entre la crainte de lui déplaire et celle de la trop abandonner à elle-même ; la manière tantôt légère, tantôt hautaine dont elle recevait ses avis, devenait pour elle un sujet de triomphe. Elle était fière de montrer à miss Woodley et surtout à M. Sandford, à quel point elle pouvait compter sur la passion qu’elle avait inspirée à milord Elmwood.

Tandis qu’on préparait tout pour le mariage qui devait être célébré, pendant l’été, au château d’Elmwood, elle résolut de profiter du peu de temps qu’elle avait à rester à Londres pour jouir de tous les plaisirs auxquels probablement elle allait dire adieu. Mais quelque avide qu’elle en fût, elle était loin de les comparer à ceux qu’elle espérait devoir leur succéder, à ces plaisirs tranquilles, mais bien supérieurs, de la vie conjugale, et c’était purement pour abréger les momens trop longs qui la séparaient encore de cette heureuse époque, qu’elle s’empressait de les varier et de les embellir par bien des genres d’amusemens que son futur époux ne pouvait pas approuver.

Le malheur voulut que dans ce temps-là même, milord