Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/194

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Elmwood ne put veiller aussi attentivement sur elle ; un procès relatif à des possessions qu’il avait dans les Indes occidentales, et beaucoup d’autres affaires concernant son titre et sa terre d’Elmwood, le forçaient de passer souvent une partie du jour hors de chez lui, quelquefois même la soirée tout entière ; ou bien quand il rentrait, c’était pour s’enfermer plusieurs heures de suite avec des gens d’affaires. Mais s’il ne pouvait avoir l’œil sur la conduite de sa pupille, Sandford le pouvait à sa place ; et quand miss Milner aurait été ce qu’il avait de plus cher au monde, il ne l’aurait pas suivie de plus près ; de même que si elle eût été la plus fragile des femmes, il n’eût pas mis plus de sévérité dans le compte qu’il rendait d’elle à son tuteur. Lord Elmwood n’ignorait pas que le défaut de son ami était de juger miss Milner à son désavantage. Souvent il avait plaint Sandford et sa pupille. Au milieu des exagérations du premier et des torts réels de l’autre, tant qu’il avait été Dorriforth, son attachement pour tous les deux lui avait fait tenir la balance égale entre eux.

Mais ici les faits parlaient d’eux-mêmes ; il vit tous les travers de sa pupille, et les vit ce qu’ils étaient en effet, quoique Sandford eût encore cherché d’avance à les grossir à ses yeux.

Dès que celui-ci se fut aperçu combien milord était mécontent de miss Milner, — « Eh bien ! s’écria-t-il, d’un air de triomphe, ne vous l’avais-je pas dit, que cette femme ne vous convenait pas ? Mais vous ne voulez pas qu’on vous guide, vous ne voulez pas ouvrir les yeux. »

— « Ne me reprochez pas de les avoir eus fermés, répondit milord, quand vous-même vous étiez aveugle. Si vous aviez été sans passion, si vous aviez aperçu les vertus de miss Milner, aussi bien que ses défauts, je vous aurais cru ; je me serais abandonné à vos conseils ; mais en ne