Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/196

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l’épreuve, reprit lord Elmwood, et votre injustice m’avertit de me tenir sur mes gardes, pour me défendre de suivre votre exemple. »

— « Mais, milord… »

— « Mon parti est pris, M. Sandford ; je ne resterai attaché à miss Milner, qu’autant qu’elle le méritera ; j’observerai sa conduite, mais je tâcherai d’être, dans mes observations, plus juste à son égard que vous ne l’avez été. »

— « Milord, attendez pour me trouver injuste que vous puissiez voir avec les yeux d’un juge et non avec ceux d’un amant. Dépouillez-vous de votre passion, et qu’entre nous les termes soient égaux. »

— « Je n’ai ici besoin des lumières de personne, je ne consulterai que moi-même, je serai seul juge dans ce qui me regarde, et sous peu de mois je l’épouse, ou — je me bannis pour jamais de sa présence. »

Ces derniers mots furent prononcés d’un ton si ferme, que le cœur de Sandford s’y reposa avec plaisir. Il y vit le présage de ce qui ne pouvait manquer d’arriver, et il quitta milord en le félicitant de sa sagesse et en ne cessant de lui répéter qu’il comptait sur sa parole.

De son côté, milord Elmwood, après avoir pris cette résolution, se trouva plus tranquille ; depuis quelques jours, son esprit lui présentait sans cesse toute l’horreur des querelles domestiques ; une maison sans subordination, un ménage sans économie ; en un mot, une femme légère et imprudente.

Si M. Sandford, avec beaucoup de sens et de savoir, et quoiqu’il fût un profond casuiste, commettait lui-même beaucoup de fautes, c’était tout simplement — manque de lumières. Il voyait toujours les défauts des autres ; et s’il avait vu de même les siens, il avait trop de droiture pour ne pas s’en corriger ; mais il ne les connaissait pas. Il