Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/199

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nacé ; mais je connais assez milord Elmwood pour répondre qu’avec lui l’exécution suit de près la menace. »

— « Vous êtes bien bon, lui dit miss Woodley, de me prévenir à temps. Je puis avertir miss Milner, et cet avis l’engagera à plus de circonspection. »

— « Point du tout ! s’écria vivement Sandford ; à quoi bon l’avertir, elle n’en tirera aucun profit ; d’ailleurs, ajouta-t-il, je ne sais pas si milord ne compte pas sur le secret de ma part, et dans ce cas… »

— « Mais, avec tout le respect que je dois à votre jugement, dit miss Woodley, et en effet, elle ne lui parlait jamais que d’un ton respectueux, ne pensez-vous pas, M. Sandford, que dans cette occasion il serait mal de garder le secret ? Considérez que de peines causerait à mon amie le malheur dont elle est menacée, et si, par un avis donné à propos, nous pouvons lui épargner de si cuisans chagrins… »

— « Vous pouvez penser, madame, interrompit-il, qu’il serait mal de ne pas l’en instruire ; mais je regarde comme un manque de discrétion, si l’on m’avait confié un secret… »

Avant qu’il eût pu s’expliquer, miss Milner entra, et sa présence mit fin à leur entretien. Elle avait passé toute la matinée à une vente, et avait dépensé deux cents livres sterling en emplettes d’objets qui ne pouvaient lui être bons à rien ; mais elle les avait achetés seulement parce qu’on lui avait dit qu’ils n’étaient par chers. Il y avait entre autres une collection de livres de chimie et quelques auteurs latins.

— « Comment ! s’écria Sandford en voyant marqués au crayon sur le catalogue les différens ouvrages qu’elle avait achetés, savez-vous bien quelles emplettes vous venez de faire ? Vous ne pourrez jamais lire un seul mot de ces livres là. »