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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/204

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mestique courut à la fenêtre et répondit : « Madame, c’est milord et M. Sandford. — Revenus pour dîner, Dieu me pardonne ! s’écria madame Horton. »

Miss Milner resta toujours muette, et dans l’attitude où elle était ; mais aux deux côtés de sa bouche, que ses doigts ne pouvaient pas entièrement couvrir, on aperçut de légers mouvemens occasionnés par un sourire que lui arrachait malgré elle le retour de milord Elmwood.

Il rentra avec Sandford. « Je suis charmée que vous soyez revenu, milord, dit madame Horton, car miss Milner se passait de dîner. »

— « C’est parce que je n’avais point d’appétit, répondit-elle en rougissant de toutes ses forces. »

— « Nous n’avions pas dessein de revenir, dit Sandford, mais à l’endroit où nous avons été pour dîner, toutes les salles étaient pleines. »

Milord Elmwood mit une aile de poulet sur l’assiette de miss Milner, à la vérité, sans lui demander ce qu’elle désirait ; elle eut pourtant la complaisance de la manger. Ils se parlèrent l’un à l’autre dans le cours de leur dîner, mais avec la même réserve que s’ils s’étaient querellés ; et en effet, ils se sentaient piqués mutuellement, quoiqu’il ne se fût rien passé entre eux.

Quinze jours s’écoulèrent ainsi dans une réserve réciproque, sans se faire de scènes positives, mais aussi sans laisser voir (si ce n’est lorsqu’ils n’étaient point sur leurs gardes) l’amour violent qu’ils avaient l’un pour l’autre. Une fois, cependant, peu s’en fallut qu’ils ne parussent de nouveau aussi bien ensemble dans leurs manières et dans leurs paroles, qu’ils l’étaient au fond du cœur ; et cela, à l’occasion d’une grace accordée par milord Elmwood, pour plaire à sa pupille, quoiqu’elle ne l’eût pas demandée expressément ; comme il avait déjà plus d’une fois refusé cette même