Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/206

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incident vint détruire entre eux toute espérance d’accommodement.

La brillante madame G… devait donner un bal masqué[1]. On envoya des billets à toutes les femmes de qualité, et miss Milner en reçut trois, qui lui furent d’autant plus agréables, qu’elle n’avait jamais été à un bal masqué. Comme, d’ailleurs, il devait avoir lieu chez une femme de distinction, elle se flatta que son tuteur n’aurait aucune objection à faire. Elle se trompait ; au premier mot qu’elle en dit à milord Elmwood, il la pria, d’un ton un peu sévère, de ne pas songer à y aller. Piquée de cette défense, et surtout de l’air dont elle était faite, elle n’hésita pas à répondre « qu’elle irait à ce bal certainement. »

Elle s’attendait à quelque reproche ; il ne répliqua pas un mot, et parut entièrement résigné. Ce silence tranquille alarma et affligea sa pupille ; elle eût préféré les plus dures réprimandes. Elle s’assied et cherche de quelle manière elle pourra le tirer de ce calme qui l’effraie. D’abord elle songe à le quereller — puis à l’adoucir — et enfin à le plaisanter. Ce dernier parti était le plus mauvais de tous, et c’est précisément celui qu’elle s’avisa de prendre.

« Avec toute votre sainteté, milord, lui dit-elle, je suis sûre que vous n’auriez absolument rien à dire contre ce bal, si j’y allais habillée en religieuse ? »

Pas un mot de réponse.

« C’est un habit, continua-t-elle, qui couvre une multitude de fautes ; qui sait s’il ne m’aiderait pas à faire votre

  1. Il est aussi question d’un bal dans le premier volume de cette histoire ; que l’on se rappelle la conduite que tint alors miss Milner. Ces deux incidens, quoique absolument semblables, offrent ici le contraste le plus frappant.
    (Note du traducteur.)