Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/207

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conquête ; je ne voudrais pas même répondre que, sous ce costume si attrayant, le pieux M. Sandford lui-même ne sentît quelque chose pour moi. »

— « Oh ! » dit miss Woodley.

— « Pourquoi oh ? reprit tout haut miss Milner, quoique son amie eût parlé tout bas. Je ne fais que répéter ce que j’ai lu dans plusieurs auteurs, au sujet des nonnes et de leurs confesseurs. »

— « Votre conduite, miss Milner, lui dit lord Elmwood, fait assez connaître quels auteurs vous avez lus. Épargnez-vous la peine de les citer. »

Son orgueil fut vivement blessé de cette répartie ; et comme elle ne pouvait, aussi bien que son tuteur, maîtriser ses mouvemens, elle rougit de dépit, et eut peine à retenir ses larmes.

« Milord, dit miss Woodley, d’un ton si doux et si conciliant qu’il aurait dû les calmer tous deux, si vous-même vous accompagniez miss Milner ? Il y a des billets pour trois personnes. — De cette façon, tout pourrait s’arranger aisément. »

À ces mots, miss Milner se radoucit ; elle soupira, et attendit avec inquiétude qu’il souscrivît à cette proposition.

« Moi ! que j’aille là, miss Woodley, répondit-il, d’un air surpris, croyez-vous que j’irai faire le bouffon à une mascarade ? »

Miss Milner parut de nouveau aussi offensée qu’auparavant.

« J’y ai vu de graves personnages, milord, » dit miss Woodley.

— « Ma chère miss Woodley, s’écria mise Milner, pourquoi vouloir engager milord Elmwood à prendre un masque, au moment où il vient de quitter le sien ? ».