Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/208

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Milord ne put se contenir davantage, et il répondit : « Si vous croyez que je suis changé, madame, vous trouverez en effet que je le suis. »

Charmée d’avoir pu l’irriter, miss Milner sourit et s’applaudit elle-même. Elle allait continuer sur le même ton, lorsqu’avant qu’elle eût ajouté quatre mots, et à son grand étonnement, milord sortit de la salle.

Elle fut si piquée de cette brusque sortie, qu’elle se hâta de déclarer que, « de ce moment, elle le bannissait pour jamais de son cœur ; » et pour montrer combien peu elle se souciait de son amour ou de sa colère, elle demanda sa voiture, et dit qu’elle allait chez quelques-unes de ses amies qui avaient aussi des billets, afin de décider avec elles sous quel déguisement elle paraîtrait à ce bal ; car, à moins que de l’enfermer dans sa chambre, rien ne pourrait l’empêcher de s’y rendre. Toute représentation dans cet instant aurait été fort inutile ; miss Woodley le savait, elle la laissa partir sans lui en faire aucune.

Loin d’être de retour pour le dîner, miss Milner ne rentra que le soir fort tard. Lord Elmwood, au contraire, ne sortit point ; mais il ne prononça pas une seule fois le nom de sa pupille.

Il était déjà couché, lorsque miss Milner revint, aussi animée contre lui qu’elle l’était le matin ; et pour la première fois de sa vie, elle parut indifférente à ce qu’il pouvait penser de sa conduite. Songeant uniquement à ce qui l’avait occupée la plus grande partie du jour, dès qu’elle fut seule avec miss Woodley, elle ne lui parla que de son habit de bal ; elle lui dit qu’on lui en avait montré un grand nombre, aussi élégans que riches ; « et cependant, ajouta-t-elle, j’en ai pris un très simple et très uni ; mais il m’embellit au point que, quand je le porterai, vous pourrez à peine me reconnaître. »