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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/22

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rais dit… mais je ne pouvais pas… alors vous comprenez qu’il fallait que j’agisse ainsi pour faire voir que j’étais en colère, sans quoi il ne l’aurait pas cru ; mais que vais-je devenir à présent ?

Et des larmes abondantes coulaient de ses yeux.

M. Inchbald fut touché de sa douleur, ses anciens sentimens pour elle reprirent toute leur force.

— Tenez, mon enfant, lui dit-il, en lui prenant affectueusement la main, je ne vois qu’une chose qui puisse vous sauver : c’est un mariage.

— Oui… mais qui voudra m’épouser ?

— Moi !

— Vous !

— Oui, moi ! Mais peut-être n’y consentirez-vous pas…

— J’y consentirais… avec grand plaisir… et je vous en serais reconnaissante toute ma vie.

— Et… m’aimeriez-vous ?

Miss Simpson hésita… M. Inchbald, par prudence, ne jugea pas à propos d’insister. Il espéra que ses soins, son amour et le bien-être dont il la ferait jouir amèneraient tôt ou tard ce qu’il aurait pourtant mieux aimé tenir d’un mouvement spontané : il la laissa donc à ses réflexions : puis quelques jours après il lui écrivit en la pressant. Voici la réponse qu’il en reçut :

« En dépit de tout ce que me dit votre plume éloquente, le mariage m’effraie encore plus qu’il ne me séduit. Je veux bien croire qu’il nous procure un bonheur supérieur à tout autre, mais il me semble que pour en juger sainement il faudrait être assez avancé dans la vie pour pouvoir établir une comparaison exacte entre la félicité du mariage et le vide que laissent après elles les autres sources de bonheur : mais se jeter entre les bras d’un mari avec la moindre répugnance, la moindre crainte pour l’avenir, est suivant moi un acte de haute imprudence. Il y aurait beaucoup moins de gens malheureux, si la plupart des unions étaient contractées avec plus de