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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/221

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— « Milord, ce que vous avez à dire de plus, s’écria miss Woodley tout en pleurs, remettez à le dire demain matin. Miss Milner, vous le voyez, n’est pas en ce moment en état de l’entendre. »

— « Je n’ai rien à dire de plus, reprit-il froidement, — je n’ai plus maintenant qu’à agir. »

— « Lord Elmwood, s’écria miss Milner, partagée entre la douleur et la colère, vous pensez m’effrayer par vos menaces ; — mais je puis me séparer de vous. — Le ciel sait que je le puis. — Votre conduite envers moi, depuis quelques jours, m’en a donné le courage. »

Pour toute réponse, il se levait pour sortir, quand miss Woodley l’arrêtant, lui dit : « Ô milord ! ne la laissez pas dans la douleur où elle est plongée. Plaignez-la et pardonnez à sa faiblesse. » Elle allait continuer, et milord semblait disposé à l’écouter, mais Sandford élevant la voix, et d’un ton de reproche :

« Miss Woodley, dit-il, quel est votre dessein ? » Elle tressaillit et quitta milord.

Celui-ci se tourna aussitôt vers Sandford. — « Dispensez-vous, monsieur, de vous défier de moi ; j’ai porté mon jugement et je suis… » déterminé, allait-il dire ; mais miss Milner, qui craignait ce mot, l’interrompit en s’écriant :

— « Oh ! si mon pauvre père pouvait connaître tous les chagrins que j’ai éprouvés depuis sa mort, combien il se repentirait du fatal protecteur qu’il m’a choisi ! »

Cet appel à la mémoire de son père, et cette allusion au secret amour qu’elle avait nourri si long-temps, affecta beaucoup milord Elmwood. Il se sentit touché ; mais honteux de l’être, il se hâta de surmonter son émotion ; cependant il resta quelque temps incertain s’il devait sortir ou rester, parler ou garder le silence ; à la fin se tournant vers elle :