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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/224

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qu’autrement, elle ne consentirait jamais à se raccommoder avec lui.

« Je crois connaître le caractère de milord Elmwood, dit miss Woodley, je doute qu’on puisse l’amener facilement à demander pardon d’une faute qu’il pense que vous avez commise. »

— « Eh bien ! il ne m’aime donc pas ? »

— « Bon ! bon ! miss Milner, c’est votre vieil argument ! Il vous aimerait moins, peut-être, s’il se soumettait à toutes vos volontés. Considérez qu’il n’est pas moins votre tuteur que votre amant, qu’il est dans ses vues de devenir votre mari, et qu’il est trop honnête homme pour vous accorder, avant le mariage, une supériorité à laquelle il ne voudrait pas se soumettre après. »

— « Mais la tendresse et même la seule politesse font à un amant un devoir de la soumission envers sa maîtresse ; puisque je n’ai pu l’y amener de lui-même, je l’y forcerai malgré lui ; j’y essaierai du moins, et une bonne fois, je connaîtrai ma destinée. »

— « Que prétendez-vous donc faire ? »

— « Inviter lord Frédéric à venir ici, et demander à mon tuteur de m’unir avec son rival ; et vous verrez ce qu’alors deviendra toute sa fierté. »

— « Mais alors même, quand il voudrait s’humilier, il ne sera plus temps. Si vous exécutez ce projet, vous êtes perdue. Vous vous précipitez dans les bras d’un homme que vous n’aimez pas, et le malheur de votre vie tout entière en sera la fatale conséquence ; ou bien voulez-vous obliger M. Dorriforth, milord Elmwood, voulais-je dire, à se battre une seconde fois avec lord Frédéric ? »

— « Oui, oui, appelez-le Dorriforth, répondit elle avec un torrent de larmes, je vous remercie de l’avoir appelé de ce nom. C’est sous ce nom seul qu’il m’est encore cher. »