Aller au contenu

Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Et quelles craintes ? ne voyez-vous pas qu’il m’aime ? »

— « Je vois, répondit miss Woodley, ce que j’ai toujours cru ; mais en même temps, je pense que s’il vous aime encore, il a assez de bon sens pour savoir qu’il doit vous haïr. »

— « Et qu’est-ce que le bon sens peut avoir à démêler avec l’amour, répondit miss Milner ? Si mon amant pouvait opposer sa raison à la passion que je lui inspire… »

Elle allait répéter encore tous ses anciens argumens, si miss Woodley ne l’eût interrompue pour lui demander l’explication de sa conduite avec milord Frédéric, dont après tout, lui dit-elle, elle se jouait cruellement, si elle ne se servait de lui que comme d’un instrument propre à aiguillonner l’amour de milord Elmwood.

« Point du tout, ma chère miss Woodley, répliqua miss Milner, je vous assure que d’aujourd’hui j’ai fini avec milord Frédéric. Il est vrai que sans lui, je n’aurais pas eu la preuve que je désirais des sentimens de milord Elmwood ; mais lord Frédéric n’a reçu de moi pour sa peine aucun encouragement, aucune lueur d’espérance. Non, ne me soupçonnez pas d’avoir pu lui en donner, quand mon cœur est tout à un autre, et je vous proteste que la cause qui a amené ici Frédéric est exactement celle qu’il a expliquée devant vous. Je vous avouerai même que, sans le dessein où j’étais d’éveiller la jalousie de milord Elmwood, j’aurais mieux aimé marcher à pied dans les rues, que d’agréer les offres de son rival. Mais il m’a si vivement pressée de les accepter, et lady Evans, car c’est dans sa voiture que j’étais, a si fort appuyé ses instances, qu’il n’a pu tirer de mon consentement aucune induction favorable.

Miss Woodley allait répliquer, mais miss Milner se hâta d’ajouter :

« Si votre intention est de me dire que j’ai eu tort, je ne