Aller au contenu

Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui prouverai qu’une femme qui lui a si malheureusement montré toute sa faiblesse, conserve encore quelque courage — le courage de lui dire adieu, sans laisser paraître aucune angoisse affectée ou réelle, quoique ma mort en doive être, bientôt après, la fatale conséquence. »

Telles furent ses résolutions, et telles elle les exécuta. Le juge le plus sévère n’aurait pu faire le plus petit reproche à sa fermeté, depuis le moment où elle avait reçu la lettre de milord Elmwood. Il est bien vrai que de temps en temps, elle se sentait des retours de faiblesse, mais elle savait aussitôt les combattre, et presque toujours les surmonter.

La première fois qu’elle le vit depuis cette lettre fatale (ce fut le même jour, dans l’après-midi), elle avait un petit concert d’amateurs, et elle chantait, en s’accompagnant elle-même, quand milord entra. Les connaisseurs remarquèrent aussitôt qu’elle s’écartait du ton ; mais milord n’était pas connaisseur, il ne s’en aperçut pas.

Ils eurent, dans la soirée, plusieurs occasions de se parler ; mais ce ne fut que sur des sujets indifférens, et avec beaucoup plus de politesse que d’aisance. Pour donner une idée de la manière d’être de milord Elmwood, il y avait, comme dans sa lettre, du respect, de la bienveillance, du calme et de la décision. Quelques personnes restèrent à souper, ce qui leur épargna l’embarras de se trouver presque seuls vis-à-vis l’un de l’autre.

Le lendemain, ils déjeunèrent en particulier. Au dîner, il y eut beaucoup de monde. — La soirée et le temps du souper, milord les passa dehors.

Ainsi les derniers momens s’écoulaient aussi tranquillement qu’il l’avait désiré, et miss Milner ne s’était pas encore démentie un instant.

Le troisième jour, à dîner, la compagnie fut nombreuse.