« Milord, dit un des convives, votre départ est donc décidément fixé à mardi matin ? »
On était au vendredi.
« Oui, » répondit Sandford, en même temps que milord Elmwood, et Sandford, mais non pas son ami, regarda miss Milner. Pour celle-ci, la main qu’elle portait à sa bouche fit un léger mouvement ; mais aucune autre émotion ne marqua l’état de son ame.
« Ah ! mon cher Elmwood, dit un autre, vous nous ramènerez ici, je le crains bien, une épouse étrangère, et je ne vous le pardonnerai pas. »
— « Sans doute, dit un troisième convive, c’est-là le sujet de son voyage, je n’en doute point. »
Sandford se hâtant de prévenir sa réponse, s’écria : « Eh bien ! quelle raison pourrait l’empêcher de prendre une épouse étrangère ? N’est-ce pas ainsi que se marient les rois ? et y a-t-il beaucoup d’hommes plus heureux dans leur ménage que certains rois que nous connaissons ? »
Milord Elmwood regarda du côté opposé à la place où était miss Milner.
« Et vous, mesdames, dit un convive campagnard, qu’en pensez-vous ? Croyez-vous que milord doive quitter l’Angleterre pour aller chercher une épouse ? » et il fixa miss Milner, comme pour lui demander son avis.
Miss Woodley, pour épargner à son amie l’embarras de répondre sur un sujet si délicat, se hâta de satisfaire elle-même à la question. « Monsieur, dit-elle, en quelque lieu que milord Elmwood se marie, je ne doute pas qu’il ne soit heureux. »
— « Mais vous, madame, qu’en dites-vous ? » reprit le campagnard, en fixant de nouveau miss Milner.
— « Qu’en quelque lieu que milord Elmwood se marie, il mérite d’être heureux, » répondit-elle avec beaucoup