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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/241

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Tous deux s’entendirent parfaitement, quoiqu’aucun d’eux n’eût proféré un seul mot.

La juste interprétation, qu’elle donna au silence de milord la ranima pour un moment ; elle remercia cent fois le ciel de lui avoir ménagé cette occasion pour la convaincre de sa profonde indifférence et du mépris qu’il faisait de ses larmes.

Le lendemain était la veille du jour de son départ où elle devait dire adieu à Dorriforth — à son tuteur — à milord Elmwood — à toutes ses espérances à la fois.

Le lundi matin, au moment où elle s’éveilla, l’idée que ce jour était le dernier peut-être où elle le verrait, fit taire dans son ame tout le ressentiment que la conduite de milord y avait excité la veille ; oubliant ses dédains et ce qu’hier elle avait plus d’une fois appelé ses cruautés, elle ne se souvint plus que de toutes les preuves qu’elle avait reçues de son amitié, de son affection, de son amour ; elle était impatiente de le voir, et elle se promit bien que dans ce dernier jour, au moins, elle ne négligerait aucune occasion d’être avec lui. Dans ce dessein, elle ne déjeûna pas chez elle, comme elle faisait depuis quelques jours, mais elle se rendit dans la salle commune, où tout le monde était déjà réuni. — Elle palpita de joie, lorsqu’en ouvrant la porte, elle entendit la voie de son tuteur ; mais le son même de cette voix la fit trembler au point qu’elle put à peine s’avancer jusqu’à la table.

Miss Woodley la regarda au moment où elle entrait, et jamais elle ne se sentit autant de peine à la voir, car jamais elle ne l’avait vue si changée.

En s’approchant, miss Milner fit une inclination de tête à madame Horton, ensuite à son tuteur, comme c’était sa coutume quand elle les voyait le matin pour la première fois. Milord la salua et la regarda fixement, — puis il