Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir jamais ; » et ses larmes s’ouvrirent le passage avec tant de violence, que son cœur semblait prêt à les suivre.

— « Pourquoi ne lui avez-vous pas parlé ? reprit Sandford ; vous-même, lui avez-vous dit adieu ? Je ne vois pas pourquoi il y aurait plus de reproches à faire d’un côté que d’un autre. »

— « Je n’ai pas eu la force de lui dire que je désirais qu’il fût heureux, s’écria miss Milner ; mais le ciel m’est témoin combien je le désire au fond de mon cœur. »

— « Et croyez-vous donc qu’il ne fait pas les mêmes vœux pour vous ? répondit Sandford. Jugez de son cœur par le vôtre, et ce que vous sentez pour lui, croyez, ma chère, qu’il le sent pour vous. »

Quoique ma chère soit une façon de parler très commune, cependant ces deux mots dans la bouche de certaines gens et dans de certaines occasions, sont très agréables à entendre. M. Sandford en usait rarement avec qui que ce fût ; — avec miss Milner, jamais… et de sa part, en ce moment, cette expression avait un très grand prix.

Miss Milner tourna sur lui des yeux pleins de reconnaissance ; mais comme elle ne fit que le regarder sans lui dire un seul mot il se leva, et, avec une bienveillance qu’il n’avait jamais eue pour elle, il lui dit : « Je vous souhaite de bon cœur une bonne nuit. »

Dès qu’il fut hors de la salle, miss Milner s’écria : « Quoique les mauvais offices de M. Sandford aient pu hâter ma malheureuse destinée, cependant, l’intérêt qu’il vient de me montrer lui assure à jamais ma reconnaissance. »

— « Ah ! s’écria à son tour madame Horton, H. Sandford croit en ce moment pouvoir sans conséquence vous montrer de l’amitié. Maintenant que milord Elmwood va s’éloigner pour jamais, il ne voit pas de danger à permettre que vous le voyiez encore une fois, » et elle crut, par cette observation, faire l’éloge de Sandford.