Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/248

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de convenance de cette démarche, elle paraissait ne pas demander mieux que de la faire, lui démontra sans peine que l’homme le plus avantageux, et assurément milord Elmwood n’était pas de ce caractère, ne pourrait attribuer le désir de lui dire un dernier adieu à la faible espérance de regagner son cœur, ou d’ébranler la résolution qu’il avait prise.

Miss Milner ne put s’empêcher d’en convenir, mais elle n’eut pas encore le courage de décider ce qu’elle devait faire.

Déjà ce n’était plus le point du jour, mais l’aurore même qui éclairait leur appartement. Miss Milner s’approcha d’une glace, souffla dans ses mains, les passa sur ses yeux, rajusta sa coiffure, et quand elle eut fini, elle dit à miss Woodley : « Je n’ose pas le revoir. »

— « Vous ferez comme il vous plaira, répondit son amie, pour moi, je le verrai. Après tant d’années où j’ai vécu sous le même toit que lui, et toujours honorée de son amitié, au moment où il part peut-être pour dix ans, peut-être pour toujours, je croirais manquer à ce que je lui dois, en ne profitant pas des derniers momens qui me restent à être avec lui. »

— « Vous allez donc le trouver, dit vivement miss Milner : s’il désire me voir, j’irai de bon cœur, vous le savez ; mais s’il ne parle pas de moi, je ne veux point paraître ; de grace, ne me trompez pas. »

Miss Woodley le lui promit ; bientôt après, entendant les mouvemens des domestiques qui allaient et venaient dans la maison, et l’horloge ayant sonné six heures, miss Woodley se rendit à la salle du déjeuner.

Elle y trouva milord Elmwood en habit de voyage, debout, près de la cheminée, et enfoncé dans ses réflexions ; comme il ne s’attendait pas à la voir, il tressaillit quand