Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/26

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gagée au théâtre de Covent-Garden ; mais nulles propositions ne purent entamer sa résolution… et Garrick, le directeur du théâtre, disait d’elle : — C’est une femme qui s’est vouée solennellement à la vertu et au grabat.

Madame Inchbald avait une piété sincère et une foi peu commune chez les personnes de sa profession : elle avait fréquemment des scrupules qui n’étaient pas sans influence sur sa santé. Ses amis catholiques, dont le zèle dépassait souvent les bornes de la raison, lui inspiraient des craintes pour son salut à cause des tentations auxquelles l’exposait sa profession. Ils l’engagèrent à consulter le docteur Geddes, célèbre théologien de leur communion. La réponse du docteur fut d’une tolérance et d’une sagesse qui trouvent peu d’imitateurs.

Il déclara qu’il pensait avec saint François de Sales que, le théâtre est en soi une chose indifférente ;

Qu’il peut même, étant bien dirigé, devenir, sinon une école de morale, du moins un amusement raisonnable et instructif, auquel les riches, les oisifs et les grands peuvent se livrer sans scrupule.

Enfin, il termina en disant à madame Inchbald elle-même :

« Si la profession que vous exercez, ma chère mistress Inchbald, est incompatible avec vos devoirs de religion, au nom du ciel, renoncez-y à l’instant ! Mais si votre conscience vous dit que vous pouvez remplir vos obligations de chrétienne en faisant votre état, je vous supplie d’y rester, afin que votre exemple serve à prouver qu’au théâtre le salut est possible comme dans toute autre situation sociale, ce que d’ailleurs, moi, je crois fermement. »

Tranquillisée de ce côté, mistress Inchbald continua sa carrière dramatique : elle avait terminé son roman, qu’elle ne trouvait à placer chez aucun libraire, chose qui est arrivée à la plupart des livres que par suite on a le plus recherchés. Ce déboire ne l’empêcha pas de composer pour