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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/27

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le théâtre quelques pièces fort gaies qu’elle parvint à faire jouer à Hay-Market. La première, intitulée le Conte Mogol (Mogul Tale), obtint beaucoup de succès, quoique madame Inchbald, qui remplissait un des rôles principaux, faillit se trouver mal pendant la représentation, à cause de l’émoi que lui causait sa double qualité d’auteur et d’actrice. Le succès du Conte Mogol ouvrit à son auteur le cabinet de plus d’un directeur et lui valut la réception de plusieurs pièces qui rapportèrent l’année suivante beaucoup d’argent.

Pour comble de bonheur, Simple Histoire, que l’on avait dédaignée tant que ce n’avait été que l’œuvre d’une comédienne obscure, fut achetée par le libraire Robinson au prix de cent livres sterling le volume : le même éditeur lui paya quelque temps après cent cinquante livres son second roman quoiqu’il ne fût que d’une très minime dimension. Une fois connue aussi avantageusement qu’elle méritait de l’être, on lui fit des demandes de toutes parts, et elle dirigea plusieurs entreprises et publications littéraires qui lui furent extrêmement profitables ; car elle laissa à sa mort environ cent mille francs, fruit de son travail et de ses économies.

Elle faisait un honorable et noble usage de sa fortune : toutes ses affections s’étaient réunies sur la malheureuse famille de Standing-Field. À soixante ans, madame Inchbald se privait des secours d’une servante, afin de pouvoir soutenir plus convenablement ses pauvres parens : elle devint même sur ses dernières années d’une économie qui allait jusqu’à la bizarrerie. Elle se fondait sur le vieil adage qui dit : « Ayez soin des petites sommes, les grosses se soigneront bien elles-mêmes. »

Une fois qu’elle eut renoncé au théâtre et à la littérature, elle vécut fort retirée, non à la campagne, qu’elle ne pouvait souffrir, mais à la ville, dont la solitude ne l’effrayait nullement par cela seul qu’elle pouvait s’y soustraire aussitôt que la fantaisie lui en prenait. Un jour on vint la re-