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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/263

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dont, depuis dix ans, retirée du monde, elle implore la clémence.

» Pendant quatre ans, milord Elmwood avait joui de tout le bonheur que peut donner le mariage. Il était devenu père d’une fille charmante, qu’il aimait presque autant que sa mère. Au bout de ce temps il fut obligé de quitter deux objets si chéris pour aller, dans ses possessions des Indes occidentales, mettre ordre à la mauvaise administration d’un de ses économes ; différens événemens prolongèrent son absence, et déjà trois ans s’étaient écoulés. Milady Elmwood commença par gémir et finit par s’offenser de tant de retards. N’écoutant que son dépit, qu’elle n’avait jamais su maîtriser, elle résolut, malgré les injonctions expresses de son mari, de chercher des distractions à ses chagrins, et se livrer de nouveau à tous les amusemens de la société.

« À cette époque milord Elmwood venait de tomber dangereusement malade, et la crainte d’alarmer sa femme l’empêcha de lui faire connaître quel nouvel obstacle l’arrêtait. Les différentes excuses dont il était obligé de se servir ne firent qu’augmenter les soupçons et le ressentiment de milady Elmwood.

« Bientôt ce ressentiment fit place à une indifférence encore plus funeste ; mais le cœur de milady Elmwood n’était pas fait pour rester dans un état si tranquille. Il fallait qu’il fût agité par les passions les plus orageuses, jusqu’à ce qu’une seule vînt s’en emparer entièrement ; et cette passion, innocente d’abord, finit par la rendre coupable. L’objet de ses plus tendres, de ses plus véritables affections était loin d’elle, et son amour lui peignit sous de si tristes couleurs les trois années qu’elle venait de passer et celles qu’elle craignait d’avoir à passer encore de même, qu’elle quitta l’ennuyeuse solitude où elle vivait, pour se livrer à la société d’un homme qui, n’ayant qu’une ame corrompue par l’habitude des