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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/264

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vices à la mode, ne pouvait la dédommager un seul instant de celui qu’il remplaçait : — ou si quelques instans de plaisir purent donner le change au cœur de milady Elmwood, quels furent ses tourmens, ses remords, lorsque l’arrivée inattendue de son mari la tira de ce court délire ! Oh ! quels transports, deux mois plus tôt, ne lui eût pas causés cette nouvelle ! Deux mois plus tôt, c’eût été le comble du bonheur, et c’était maintenant — aucune expression ne peut rendre ce que sentit milady Elmwood, en apprenant que son mari venait de débarquer en Angleterre, et que des causes qu’il n’avait pu empêcher ni prévoir avaient seules, pendant si long-temps, retardé son retour.

« Criminelle, mais non pas enhardie au crime, sa honte, ses angoisses n’en furent que plus vives. À son approche, elle fuit loin de sa maison pour ne jamais retourner dans un lieu où son époux était le maître. Cependant elle ne s’enfuit pas avec le complice de ses égaremens ; elle court s’ensevelir seule près des frontières de l’Écosse, dans la plus affreuse retraite, sans autre secours, pour soutenir sa malheureuse vie, que la société et l’amitié infatigable de miss Woodley. Sa fille même elle la laissa derrière elle, craignant de trouver dans ses innocentes caresses le reproche de son crime. Elle la laissa dans la maison et sous la protection de son père, non sans éprouver, en la quittant pour toujours à ce qu’elle croyait, tous les tourmens qui déchirent le cœur d’une mère.

« L’amour de milord Elmwood pour sa femme avait passé les bornes ordinaires ; son indignation contre elle ne fut pas moins extrême. Se voyant séparé de milady Elmwood par une barrière désormais insurmontable, il jura dans les transports de sa colère de ne pas souffrir qu’aucun objet pût la rappeler à sa mémoire, et surtout un objet aussi proche d’elle que sa fille. En accordant sa tendresse à cet enfant, il aurait craint, en quelque sorte, de partager son cœur entre elle et sa