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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/29

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SIMPLE HISTOIRE.



CHAPITRE PREMIER.


Dorriforth avait reçu au collége de Saint-Omer une éducation aussi sévère que l’est elle-même la règle de cette maison ; il y prit les ordres, et devint prêtre catholique romain. Mais rejetant loin de lui tout ce qui n’était que superstition, et discernant avec justesse les vrais devoirs que lui imposait son état, il se fit des principes qu’auraient avoués les premiers défenseurs du christianisme. Toutes les vertus qu’il était appelé à prêcher aux autres, il s’efforçait de les mettre en pratique ; car il n’avait point promis à Dieu de se séparer du reste des hommes, et de fuir l’honorable emploi de réformer l’humanité ; il ne voulut point devoir aux murs du cloître un abri contre les tentations du monde. Le centre même de Londres fut pour lui un asile aussi sûr que la retraite, et c’est là qu’il sut acquérir, par lui-même, la prudence, la justice, la force et la tempérance.

Il touchait à sa trentième année, et il en avait passé près de cinq dans la capitale, lorsqu’il perdit un homme qui lui était bien cher, un ami plus âgé que lui, mais avec qui il était lié dès sa plus tendre jeunesse, et qui, en mourant, lui laissa la garde de sa fille, âgée de dix-huit ans.

Avant de le charger seul de ce dépôt, M. Milner, frappé à mort, et ne se dissimulant point son état, raisonna ainsi avec lui-même :

« Je n’ai, dans toute ma vie, formé qu’une seule liaison intime ; Dorriforth est le seul homme que j’aie bien connu