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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/32

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l’instruire sans la rebuter, la consoler sans la flatter, et peut-être inspirer un jour le goût de la vertu à ce cher objet des dernières pensées de son père. »

Dorriforth, qui était venu de Londres en toute diligence pour voir son malheureux ami, reçut ses volontés quelques minutes avant sa mort, et lui promit de les remplir ; mais M. Milner, en lui donnant cette preuve de sa parfaite estime, le conjura de ne jamais employer l’autorité pour faire renoncer sa fille à la religion qu’avait professée sa mère, et dans laquelle elle avait elle-même été élevée.

« Ne tourmentez jamais son ame par aucune idée qui puisse la remplir de trouble, sans la rendre meilleure. » — Tels furent ses derniers mots, et la réponse de Dorriforth dissipa toutes ses inquiétudes.

Miss Milner ne fut pas témoin de cette scène douloureuse : une amie, d’une complexion délicate et d’une extrême sensibilité de nerfs, qu’elle avait été voir à Bath, crut que, pour ne pas alarmer un cœur aussi sensible que le sien, il était bon de lui cacher, non-seulement que son père fût dangereusement malade, mais qu’il fût même indisposé. Cet excès de ménagement donna à la pauvre Miss l’insupportable chagrin d’apprendre que son père n’était plus avant même d’avoir su qu’elle dût craindre pour ses jours.

À cette affreuse nouvelle, elle courut rendre ses derniers devoirs aux restes d’un père chéri ; tristes fonctions dont elle s’acquitta avec la tendresse la plus vraie et la plus touchante, tandis que Dorriforth, rappelé par des affaires importantes, avait été forcé de revenir à Londres.