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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/33

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CHAPITRE II.


De retour chez lui, Dorriforth versa de nouvelles larmes sur le sort de son ami, et commença à envisager, non sans inquiétude, toute l’étendue de l’engagement qu’il avait contracté ; il savait quel était le genre de vie auquel on avait accoutumé sa pupille ; il craignit de la voir repousser ses avis ; il trembla à la vue d’une tâche trop pénible, peut-être, et trop au-dessus de ses forces, celle de conduire une jeune fille aimable et dissipée.

M. Dorriforth, proche parent d’un de nos premiers pairs catholiques, avait un revenu plus que suffisant pour le faire vivre dans l’aisance ; mais son cœur était si généreux, ses charités si étendues, ses propres désirs si modérés, que sa dépense était réglée avec une scrupuleuse économie. Il logeait chez une madame Horton, femme d’un certain âge, qui avait avec elle une nièce de quelques années plus jeune qu’elle, et qui n’était point mariée ; mais miss Woodley, quoiqu’à l’âge de trente-cinq ans, et avec une figure extrêmement commune, avait une humeur si douce et un fonds de bonté si inépuisable, qu’on n’avait point eu le courage de lui donner le titre et le ridicule de vieille fille.

Quand Dorriforth prit ce logement, M. Horton vivait encore ; mais à sa mort, il ne crut point nécessaire, malgré son vœu de continence, de fuir la société de deux femmes aussi peu dangereuses que madame Horton et sa nièce ; elles, de leur côté, le regardaient avec ce respect que les