Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/35

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visites très multipliées avait entièrement occupé la jeune Miss dans le peu de temps qu’après son éducation finie, elle avait passé dans la maison de son père, et Dorriforth ne s’y était jamais trouvé avec elle.

La première personne à qui il parla de miss Milner, et dont il tâcha, mais avec beaucoup de réserve, de sonder l’opinion, fut lady Evans, la veuve d’un baronnet, qui venait souvent chez madame Horton.

Mais pour que le lecteur fasse entièrement connaissance avec Dorriforth, il n’est pas inutile de décrire sa personne.

Dorriforth était grand, son air était noble et distingué, et ses manières élégantes ; mais si on en excepte des yeux noirs pleins de feu, des dents fort blanches, et de beaux cheveux bruns bouclés naturellement et avec grace, de la manière qui convenait à son état, sa figure n’offrait rien qui pût exciter l’admiration ; seulement une teinte de sensibilité répandue sur tous ses traits leur donnait je ne sais quel charme, que bien des gens prenaient pour de la beauté, mais dont chacun éprouvait, plus ou moins, la douce impression ; en un mot, le charme dont je parle n’était que cet accord entre les traits du visage et les sentimens du cœur, cette expression qui le montre à découvert et en laisse saisir tous les mouvemens, soit rapides et pressés, comme dans la crainte et l’espérance, soit plus tranquilles et plus réguliers, comme ceux de la résignation. Telle était la figure de Dorriforth, le portrait de son ame ; et les vertus dont celle-ci était enrichie semblaient parer l’autre de leur propre beauté. De là cet éclat dont on était frappé en le voyant, de là cette force touchante et persuasive attachée à toutes ses paroles. Il suffisait de le fixer pour voir que son cœur s’ouvrait avec ses lèvres, et que chaque mot était l’image fidèle de sa pensée.