Aller au contenu

Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il s’adressa donc à milady Evans, qui était venue chez madame Horton sans autre dessein que de savoir les nouvelles du jour ; et, avec un de ces regards touchans qui dévoilaient l’inquiétude de son cœur :

« Vous étiez à Bath, lui dit-il, le printemps dernier ; vous connaissez la jeune personne qu’on m’a fait l’honneur de confier à mes soins : de grâce…… »

Milady prévint elle-même la question. « Cher M. Dorriforth, ne me demandez pas mon opinion sur miss Milner ; quand je l’ai vue, elle était très jeune ; il est vrai qu’il n’y a pas plus de trois mois, et qu’elle ne peut être beaucoup plus âgée maintenant. »

— « Elle a dix-huit ans, répondit Dorriforth, rougissant de la réponse de Milady, qui ne faisait qu’augmenter ses inquiétudes.

— » Elle est très belle, et je puis vous l’assurer, ajouta-t-elle aussitôt. »

— « C’est le moindre mérite à mes yeux, » répondit Dorriforth, en se levant avec un trouble marqué.

— » Mais où il n’y a rien de plus, permettez-moi de le dire, la beauté est quelque chose. »

— « Souvent pire que rien, » répliqua Dorriforth.

— » Mais qu’au moins ce que j’ai dit ne vous effraie pas d’avance ; n’allez pas croire de miss Milner plus de mal qu’il n’y en a ; tout ce que je sais d’elle se réduit à ceci : elle est jeune, dissipée, indiscrète, étourdie, traînant à sa suite une douzaine d’adorateurs, petits-maîtres, gens de plaisir, quelques-uns sans engagement, d’autres mariés. »

Dorriforth tressaillit. « Au prix des premières années de ma vie, s’écria-t-il, vivement affecté, je voudrais n’avoir jamais connu son père. »

— En vérité, dit madame Horton, qui se flattait tou-