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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/38

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Miss Woodley ne put achever, car lady Evans se levant tout à coup, s’écria qu’elle aurait déjà dû être partie. « Un monde de visites m’attend chez moi. D’ailleurs, si je voulais entendre de la morale, ce serait de la bouche de M. Dorriforth et non de la vôtre. »

On annonça madame Hillgrave.

« Ah ! c’est vous, madame Hillgrave, continua Milady ; vous connaissez miss Milner, cette jeune personne qui a dernièrement perdu son père ? »

Madame Hillgrave était femme d’un marchand qui avait éprouvé beaucoup de malheurs : au nom de miss Milner, elle leva les mains au ciel et fondit en larmes.

« Eh bien ! s’écria lady Evans, faites-moi donc le plaisir de dire franchement ce que vous pensez d’elle ; je suis fâchée de ne pouvoir vous entendre moi-même, » et elle sortit aussitôt.

Après quelques minutes de silence, mistriss Horton, qui aimait à questionner autant que personne de son sexe, demanda à madame Hillgrave s’il était possible de savoir pourquoi le nom de miss Milner lui avait causé une telle émotion.

Cette question, qui renouvelait les craintes de Dorriforth, réveilla toute son attention.

« Miss Milner, répondit-elle, est ma bienfaitrice et la plus généreuse que j’aie jamais connue ; » en parlant ainsi, elle prit son mouchoir pour essuyer ses larmes qui coulaient en abondance.

« Qu’est-ce que j’entends ? » s’écria Dorriforth, prêt lui-même à pleurer de joie, comme madame Hillgrave pleurait de reconnaissance.

— « Mon mari, reprit-elle, au commencement de ses malheurs, devait une somme considérable à M. Milner,