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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/44

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Pendant le déjeuner qui a commencé avec ce chapitre, la conversation fut vive et pleine de saillies du côté de miss Milner, sage quand Dorriforth parlait, douce et innocente quand c’était miss Woodley : des efforts pour n’être pas absolument nulle, c’est tout ce qui resta à madame Horton.

Dans le cours de la conversation, M. Dorriforth observa que, d’après ce qu’il avait entendu dire, il ne se serait pas attendu à trouver dans miss Milner tant de ressemblance avec son père.

« Ni moi, dit-elle, à vous trouver tel que je vous vois. »

— « Non ? Quelle idée vous étiez-vous donc formée de moi ? »

— « Celle de ce qu’on appelle un bon homme déjà avancé en âge et d’une figure commune. »

Cela fut dit de l’air du monde le moins signifiant, et rien pourtant ne signifiait mieux qu’elle trouvait son tuteur jeune et d’une figure aimable. Il répondit avec quelque embarras : « Un bon homme, c’est ce que vous me trouverez toujours dans toutes mes actions. »

— « En ce cas, vos actions et votre air ne se ressembleront pas. »

On voit qu’elle était, comme nos beaux-esprits, dans l’habitude de hasarder la première idée qui se présentait, pour peu que cette idée eût un air de vérité.

Pour lui faire à son tour un compliment du même genre, Dorriforth lui dit :

« Je croirais volontiers, miss Milner, que vous n’êtes pas bon juge dans cette partie. »

— « Et pourquoi ? »

— « Pensez-vous, par exemple, que la nature vous ait prodigué plus d’avantages qu’à d’autres ? Non, sans doute ;