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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/48

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Parmi tous ceux qui se disputaient l’honneur de la suivre partout, et d’assiéger, pour ainsi dire, ses pas, il y en avait un dont elle semblait s’occuper, même lorsqu’il n’était pas auprès d’elle ; c’était le lord Frédéric Lawnly, le dernier des fils du duc de ce nom, jeune homme très à la mode et le favori de toutes les femmes qui se connaissaient le mieux en mérite.

Il avait à peine vingt-deux ans ; sa figure était charmante, son esprit vif et plein de feu, ses manières élégantes. Il réunissait toutes les qualités aimables faites pour captiver des cœurs moins susceptibles d’amour que ne paraissait l’être celui de miss Milner.

On ne s’étonnera donc point si elle prenait plaisir à le voir, et si son orgueil était flatté de la préférence publique que milord lui donnait sur tant d’autres rivales. Le progrès de leur liaison n’échappa point à Dorriforth. Il le vit avec un mélange de peine et de plaisir ; car, s’il désirait que le mariage pût donner à miss Milner un autre protecteur que lui-même, il ne pouvait non plus penser sans frémir, que ce protecteur serait un jeune homme plongé dans tous les égaremens du monde où il vivait, sans aucune qualité morale, et dont la réforme ne pouvait être que l’ouvrage du temps et des circonstances. — Quel serait avec lui le sort de miss Milner ? Cette idée effrayait Dorriforth, et peut-être il craignait déjà que sa pupille n’eût engagé son cœur, sans même y être autorisée par aucune vue légitime de la part de Frédéric.

Dorriforth estimait donc trop peu ce jeune homme pour le voir sans peine auprès de sa pupille. Frédéric, de son côté, s’aperçut aisément des craintes qu’il inspirait au tuteur ; et toutes les fois qu’ils se trouvaient ensemble, l’embarras de tous les deux était visible ; miss Milner le re-