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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/50

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prétention, qui lui semblait ridicule ; mais sur les instances réitérées de son tuteur, faites d’un ton qui ressemblait à celui de l’autorité, elle promit, non seulement d’obéir, mais de faire ce qu’elle pourrait pour que Milord lui obéît à elle-même.

En effet, la première fois qu’il vint chez elle, elle lui fit connaître les intentions de son tuteur, ajoutant que, par délicatesse, il lui avait permis de demander à Milord, comme une faveur, ce qu’il aurait eu, en qualité de tuteur, le droit d’exiger. Confondu, vivement offensé, Milord s’écria : « Par tout ce qu’il y a de plus sacré, je crois que M. Dorriforth vous aime ; il n’y a qu’un rival qui puisse me traiter de cette manière ! »

— « Ô honte ! Milord, s’écria miss Woodley, qui était présente, et que ce blasphème fit frémir d’horreur. »

— « Honte sur M. Dorriforth lui-même, s’il est vrai qu’il ne l’aime pas ! répondit milord, car quel autre qu’un sauvage peut voir tant de charmes et n’en être pas touché ? »

— « l’habitude, répliqua miss Milner, l’habitude est tout. M. Dorriforth voit tous les jours les charmes que vous vantez ; mais il est fort par l’habitude qu’il a de vaincre, comme vous êtes faible, Milord, par l’habitude de succomber. »

— « Ainsi vous ne croyez pas même que je doive rien à la nature, ni qu’elle m’ait fait un cœur capable de sentir l’amour. »

— « Je le crois, Milord, mais un amour tel que l’habitude de l’inconstance peut l’éteindre en un moment. »

— « À Dieu ne plaise qu’il s’éteigne jamais ! car je regarde comme un crime d’être insensible aux plaisirs divins que peut donner l’amour véritable. »