Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/51

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— « Ainsi, dit miss Milner, vous vous livrez à votre passion pour éviter un crime : eh bien ! c’est aussi dans la même vue que M. Dorriforth ne se livre pas aux siennes. » — « Il le devait du moins, pour rester fidèle à ses engagemens. Mais les vœux religieux sont comme ceux de mariage, faits pour n’être point observés ; et je suis sûr que toutes les fois qu’il est auprès de vous, ses désirs… »

— « Sont aussi purs, répliqua-t-elle vivement, que tous ceux qui sont jamais entrés dans l’âme de mon céleste tuteur. »

À l’instant même, Dorriforth entra : si déjà le teint de miss Milner s’était animé du feu avec lequel elle avait prononcé ces derniers mots, elle rougit bien autrement à l’aspect de celui qu’elle venait de louer ; ses lèvres devinrent pâles et tremblantes, sa confusion parut sur ses traits et dans toute sa contenance.

« Qu’y a-t-il, demanda Dorriforth, ému du désordre de miss Milner ? »

— « Quelques mots très flatteurs pour vous, répondit Frédéric, ont mis votre pupille dans l’état où vous la voyez. »

— « J’entends, dit Dorriforth, elle rougit ne n’avoir pas dit la vérité. »

— « Ah ! monsieur, cette réflexion n’est pas obligeante, s’écria miss Woodley ; car si vous eussiez été ici… »

— « Je n’aurais point dit ce qui m’est échappé, répliqua miss Milner ; mais laissez-le se venger lui-même. »

— « Me venger ? et de quoi ? qui donc aurait voulu offenser un homme qui désire aussi peu que moi de fixer l’attention ? »

— « Le tuteur de miss Milner, répliqua lord Frédéric, serait, à ce titre seul, fait pour la fixer. »