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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/52

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— « Eh bien, Milord, si l’on fait attention à moi, je n’ai rien à craindre, je pense, » répondit Dorriforth, d’un ton de voix si ferme et avec un regard si assuré, que Milord hésita un moment avant de répliquer.

Mais miss Milner voyant que son tuteur tournait les yeux d’un autre côté, pria tout bas Frédéric de chercher quelqu’autre sujet d’entretien. Celui-ci s’inclina en signe d’obéissance, et pour lui prouver aussitôt qu’il était prompt à obéir, il s’écria d’un ton ironique :

« Ô monsieur Dorriforth, que ne puis-je recevoir de vous l’absolution de toutes mes fautes, car je conviens qu’elles sont en grand nombre ! »

— « Arrêtez, Milord, n’allez pas les avouer devant ces dames, à moins que, pour exciter leur pitié, vous ne vous accusiez de celles que vous n’avez point commises. »

Miss Milner éclatait de rire à cette réponse, dont elle paraissait charmée, lorsque d’un ton railleur Frédéric se hâta d’ajouter :

« Ceci vient d’Abailard, et de lui, tout a droit de plaire à Héloïse. »

Soit que Dorriforth n’eût pas compris le sens de cette citation, ou qu’il se rendît témoignage qu’on ne pouvait la lui appliquer, il l’entendit sans aucune marque de colère ou de confusion ; mais miss Milner, piquée au vif et sentant expirer l’envie de rire qui lui avait si mal réussi, s’approcha de la fenêtre, pour cacher le trouble où ce peu de mots l’avait jetée. »

Heureusement pour elle, on annonça le comte Elmwood, jeune gentilhomme catholique. Il venait rendre une visite à son cousin, M. Dorriforth, et l’arrivée de ce nouveau personnage fit prendre un autre tour à la conversation.