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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/53

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CHAPITRE VI.


Dorriforth désirait trop vivement de voir sa pupille rompre tout-à-fait avec milord Frédéric, pour ne pas recevoir avec beaucoup de plaisir des propositions de mariage, relatives à elle, de la part de sir Edward Ashton. Sir Edward n’était ni beau ni jeune, on ne pouvait pas dire non plus qu’il fût vieux ni laid ; mais avec une fortune immense, il avait toutes les qualités morales qui pouvaient le rendre digne du bonheur auquel il aspirait : c’était de tous les hommes celui que Dorriforth aurait préféré pour l’époux de sa pupille ; quelquefois même il n’était pas sans espérance (uniquement sans doute parce qu’il le désirait) de le voir agréé par miss Milner ; il se promit bien, du moins, de faire l’essai de son pouvoir sur sa pupille, en appuyant auprès d’elle ce nouvel amant.

Malgré la différence d’opinions qu’il était facile de remarquer entre eux dans presque toutes les occasions, ils ne s’écartaient pourtant jamais l’un envers l’autre des plus strictes lois de la politesse ; Dorriforth, surtout, se conduisait à l’égard de miss Milner avec la plus scrupuleuse circonspection ; son attention, ses égards pour elle, semblaient être le résultat d’un plan qu’il s’était tracé, comme le seul moyen de la retenir dans les bornes qu’il s’imposait à lui-même. Toutes les fois qu’il s’adressait à elle, c’était avec un maintien plus réservé, des manières plus respectueuses, un son de voix plus doux qu’avec toute autre personne. On sentait bien que cette politesse recherchée