Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/54

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était la suite nécessaire de ce qu’il croyait devoir à sa naissance et à sa situation, et que, d’ailleurs, le respect qu’il montrait à sa pupille lui répondait de celui qu’elle aurait pour son tuteur. Cette conduite eut tout l’effet qu’en attendait Dorriforth ; car bien que miss Milner eût dans l’esprit cette rectitude, ce goût exquis des convenances, qui auraient suffi pour lui apprendre ce qu’elle devait à un homme qui tenait la place de son père, cependant elle était en même temps si inconséquente et si vive, elle savait si peu maîtriser ses premiers mouvemens, qu’elle était toujours près de le traiter avec légèreté ; mais, promptement rappelée à elle-même par le ton et les manières de Dorriforth, elle aurait eu honte de ne point l’imiter.

Un matin qu’il était seul avec elle et avec miss Woodley, il fit naître l’occasion de lui parler de sir Edward et de ses espérances. Il commença par en faire l’éloge le plus touchant, et finit par déclarer à sa pupille qu’il croyait que d’elle seule dépendait le bonheur d’un homme de ce mérite. Un éclat de rire fut la réponse de miss Milner ; mais un regard sévère de Dorriforth l’en fit rougir aussitôt, et son tuteur se hâtant de reprendre sa première sérénité, « Je désirerais bien, lui dit-il, que vous fissiez plus d’honneur à votre goût, en vous pressant moins de rejeter sir Edward. »

— « Comment, monsieur Dorriforth, comment pouvez-vous attendre de moi que je fasse honneur à mon goût, quand sir Edward, que vous comblez d’éloges, en fait si peu lui-même au sien, par l’estime qu’il a pour moi ? »

Il était clair qu’elle attendait un compliment, et Dorriforth, qui ne voulait pas la flatter, chercha un moment ce qu’il avait à dire.