Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/60

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Cependant elle se flatta que tout se concilierait sans peine, et qu’en prétextant un défaut de mémoire, ou toute autre raison, elle s’excuserait facilement auprès de son tuteur, dès qu’il serait instruit de la vérité. Il le fut plus tôt qu’elle ne s’y attendait ; car, sur la fin du dîner, un de ses gens lui apporta un billet de sa marchande de modes, où il était question de la nouvelle parure qu’elle devait mettre ce soir même. Ce soir, rien n’était plus clair que ces deux mots.

Son tuteur la regardant d’un air étonné : — « Je croyais, miss Milner, que vous m’aviez promis de passer ici la soirée. »

— « C’est un oubli de ma part, car il y a long-temps que j’avais promis de la passer dehors. »

— « Tout de bon ? s’écria-t-il. »

— « Rien de plus vrai, et je crois qu’il est juste que je tienne mes premiers engagemens ; ne le pensez-vous pas ? »

— « Et ceux que vous avez pris avec moi, vous n’y attachez aucune importance. »

— « Beaucoup, au contraire, si vous y en attachez vous-même. »

— « Plus que vous ne croyez. »

— « Et plus que le sujet ne le mérite ; mais peut-être vous voulez le rendre plus grave en paraissant offensé. »

— « Je le suis réellement, vous verrez que je le suis ; » et ses regards le lui apprirent encore mieux.

Miss Milner ne put les soutenir, elle baissa les siens, et trembla de honte ou de dépit.

Madame Horton se lève, arrange les assiettes de fruits qui étaient sur la table, va, vient, souffle le feu, se rassied enfin, sans que d’aucun côté on eût prononcé un seul mot, et le silence, qu’avaient un moment interrompu les soins