Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/61

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domestiques de la bonne dame, redevint tout aussi profond qu’auparavant.

À la fin, miss Milner se lève d’un air fort gai et se dispose à sortir de la salle, lorsqu’avec une voix ferme et d’un ton d’autorité, Dorriforth lui dit :

« Miss Milner, vous ne sortirez point d’aujourd’hui. »

— « Monsieur ! » s’écria-t-elle, comme doutant de ce qu’elle venait d’entendre. Sa main resta sans mouvement sur la clé qu’elle avait tournée à moitié, et elle parut incertaine si elle achèverait d’ouvrir pour braver son tuteur, ou si elle refermerait pour se soumettre à ses ordres. Avant qu’elle se fût décidée, Dorriforth se leva, et avec une force et un air d’empire auquel elle n’était point accoutumée :

« Je vous défends, lui dit-il, de sortir de toute la soirée. »

Et aussitôt il quitta la salle par une autre porte. La main de sa pupille, abandonnant alors la clé qu’elle tenait, retomba sans force ; la pauvre Miss semblait avoir perdu l’usage de ses sens, lorsque madame Horton, en la priant de ne pas trop s’affecter du traitement qu’elle recevait, la fit fondre en larmes ; son sein se soulevait, comme si son cœur eût été prêt à se fendre.

Miss Woodley lui eût de bon cœur adressé quelques mots de consolation, si les pleurs qu’elle versait elle-même lui eussent permis de parler. Ce n’est pas qu’elle eût aucun motif personnel de pleurer, mais il y avait dans les larmes des autres une vertu magnétique qui ne manquait jamais de faire couler les siennes.

Madame Horton jouissait de cette scène avec un plaisir secret, que, pourtant, elle ne s’avouait pas à elle-même, tant elle était sûre des bonnes intentions de son cœur et de la pureté de sa conscience.

Cependant elle déclara que, « pour elle, elle avait prédit,