Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/62

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depuis long-temps, que les choses en viendraient là, mais qu’elle remerciait le ciel de ce qu’elles se passaient encore aussi doucement. »

— « Et que peut-il y avoir de pire ? s’écria miss Milner, ne suis-je pas privée d’un bal ou j’étais attendue ? »

— « Votre intention est donc de n’y point aller ? répondit madame Horton ; je reconnais là votre prudence, j’ose le dire ; vous en avez plus que la défiance de votre tuteur ne pourrait le faire supposer. »

— « Pensez-vous, répondit miss Milner avec une vivacité qui, pour un moment, arrêta ses larmes, pensez-vous que je puisse y aller malgré sa défense ? »

— « Ce n’est pas la première fois, je suppose, que vous ne vous êtes pas entièrement conformée à ses désirs, » répliqua madame Horton, prenant un ton d’autant plus doux que le sens de ses paroles l’était moins.

— « S’il est ainsi, madame, je ne vois rien qui puisse m’arrêter aujourd’hui, » et miss Milner se précipita hors de la salle, comme bien décidée à ne suivre que sa propre volonté.

— « De grâce, ma chère tante, s’écria miss Woodley, d’une voix alarmée, suivez-la, tâchez d’obtenir d’elle de ne point sortir aujourd’hui. »

— « À Dieu ne plaise ! répondit madame Horton, que je songe à l’en détourner : sa faute, si elle manque à son tuteur, tournera toute à son avantage ; elle forcera M. Dorriforth de chercher des moyens plus efficaces pour l’empêcher de courir à sa perte. »

— « En attendant, ma chère madame, empêchons-la de désobéir ; vos paroles étaient une véritable tentation, vous devez en prévenir l’effet, ou si vous vous y refusez, je vais moi-même… »