Aller au contenu

Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Miss Woodley allait sortir pour se rendre chez miss Milner, quand madame Horton, prenant de son mieux le ton qu’elle avait vu à M. Dorriforth :

« Ma nièce, je vous défends de bouger d’ici, de toute la soirée. »

Miss Woodley se rassied aussitôt, et quoique son cœur et ses pensées fussent dans la chambre de son amie, quoiqu’elle souffrît beaucoup, aucun mot, aucun regard ne témoigna son impatience.

À l’heure du thé, M. Dorriforth et sa pupille furent avertis comme à l’ordinaire. Le premier entra d’un air qui prouvait combien il était encore affecté. Ses regards attestaient sa distraction, et, quoiqu’en s’asseyant il eût ouvert un livre très intéressant, il était clair qu’il savait à peine ce qu’il avait entre les mains.

Madame Horton commença à préparer le thé, avec aussi peu d’attention à ce qu’elle faisait que M. Dorriforth à sa lecture. Elle attendait avec impatience le dénoûment de cette scène (car à un certain âge les plus petites choses deviennent importantes) ; et quoiqu’elle ne voulût point de mal à miss Milner, cependant elle songeait avec plaisir qu’elle allait voir quelque chose de nouveau, et cela sans sortir de sa maison ; mais de peur qu’un mot ou un regard imprudent ne fissent connaître le sujet dont elle était occupée, elle eut soin de ne pas ouvrir la bouche et de tenir les yeux attachés sur le thé qu’elle préparait ; on eût dit même qu’elle marchait plus légèrement, qu’elle remuait les tasses plus doucement qu’à l’ordinaire, pour qu’aucun bruit n’empêchât d’être attentif à ce qui allait arriver. De son côté, sa nièce crut qu’il était de son devoir de rester muette.

Le thé était prêt, lorsque miss Milner envoya faire ses excuses et dire qu’elle ne prendrait point de thé. On vit, au