Aller au contenu

Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

colère auxquels se livrait souvent notre jeune Miss, jamais elle ne s’écartait du respect dû à son tuteur, jamais elle ne se permettait contre lui de répartie offensante. Un mot sévère de la part de Dorriforth, au lieu d’aigrir sa pupille, ne manquait jamais de calmer son ressentiment, et cette occasion en offrit un nouvel exemple. Les derniers mots de son tuteur l’avaient blessée au cœur ; mais ne se sentant pas le courage de lui répondre comme elle crut qu’il le méritait, elle fondit en larmes. Au lieu de lui montrer ce tendre intérêt avec lequel il partageait toujours ses moindres peines, M. Dorriforth fut offensé de ses pleurs, il les regarda comme un nouveau reproche pour Sandford, et il crut qu’il ne pouvait en paraître touché sans paraître en même temps désapprouver la conduite de son ami. Miss Milner lut dans l’ame de son tuteur, et se hâtant d’essuyer ses larmes, elle s’excusa en disant qu’elle n’avait jamais pu supporter avec indifférence une accusation injuste.

— « Pour me prouver que j’étais injuste, en effet, répliqua Dorriforth, faites-moi voir que vous êtes prête à quitter Londres sans regret et sous peu de jours. »

Elle s’inclina pour marquer son consentement ; on fixa le jour du départ, et tandis qu’avec une joie apparente, miss Milner arrangeait d’avance l’emploi de leur temps à la campagne (semblable à ceux qui, en se conduisant comme ils le doivent, songent moins à leur devoir qu’au plaisir de mortifier leurs ennemis), elle jouissait intérieurement du chagrin qu’elle espérait que son obéissance causerait à M. Sandford.

Le public fut bientôt instruit qu’elle allait abandonner Londres ; et comme on trouve une douceur secrète à inspirer la pitié, quand le malheur qui nous l’attire n’est pas réel, la jeune Miss entendait avec plaisir répéter autour d’elle,