Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/84

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matin, qu’après une longue promenade elle revenait avec sa compagnie ordinaire et milord Elmwood, qu’elle avait invité à dîner, elle ne put cacher sa peine en voyant Sandford s’arrêter près de la maison et retourner sur ses pas, en leur disant adieu.

Elle avait bien la générosité de pardonner un affront, mais elle était trop fière pour faire des avances, et elle sentait qu’il en faudrait beaucoup pour amener à un accommodement cet orgueilleux jésuite ; cependant le désir qu’elle en avait n’échappa point à M. Dorriforth. Il vit avec un plaisir secret combien le cœur de sa pupille était excellent, et il sentit pour elle plus d’admiration qu’elle ne lui en avait encore inspiré. Elle lui fit même entendre une fois qu’il pourrait devenir médiateur entre elle et M. Sandford ; mais il n’eut pas le temps de chercher à les réconcilier. Un incident vint troubler la paix dont on avait joui jusqu’alors ; ce fut l’arrivée de sir Edward Ashton au château d’Elmwood, où il parut à miss Milner n’avoir été invité que pour renouveler ses persécutions.

Elle était à dîner chez milord Elmwood, lorsqu’on annonça sir Edward comme un convive inattendu. À son nom, elle pâlit tout à coup ; Dorriforth ne put la voir changer de couleur sans laisser échapper quelques marques de compassion. Mais Sandford semblait triompher ; et ne cessant de répéter au baronnet qu’il était le bien venu, il faisait assez comprendre combien il était charmé de le voir. Cette conduite de M. Sandford ranima dans miss Milner la haine qui commençait à s’éteindre ; elle soupçonna le jésuite d’avoir pressé lui-même l’arrivée de sir Edward, et loin de cacher son mécontentement, elle ne songea qu’à le marquer de la manière la plus mortifiante. Dans la conversation, sir Edward ayant demandé si dans le voisinage il y avait des