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Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/137

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Notes.


1) [I E 1, Il E 3] Bumyn qaɣyan istämi‿qaɣyan doit nécessairement être une combinaison de deux mots parallèles, coordonnés, ici des noms propres. Je traduis par «Boumin kagan et Istèmi kagan», car, comme on le sait, les langues turques n'ont pas de mot pour la conjonction «et», et je donne comme pluriel (ils, leur, etc.) tout ce qui dans la suite renvoie à ces mots (même dans les cas où, à proprement parler, on ne peut penser qu'à l'un d'eux), la langue des inscriptions ne distinguant pas, dans la grande majorité des cas, entre le pluriel et le singulier. (Radloff traduit par «mein Vorfahr, Bumyn Chan, der beruhmte Chan», et emploie par conséquent le singulier aussi dans ce qui suit. C'est ce que je ne peux pas regarder comme correct; car lo on ne trouve pas, je pense, d'exemple d'apposition de cette forme; on se servirait d'une proposition nouvelle: «C'était un illustre kagan»; 2o dans la combinaison äčü et apa «mes ancêtres» (p. 24f, note 2, p. 91, note 2), il faut bien, je pense, que chacun des deux mots, àèû et apa^ quel que soit leur sens propre, ait dû désigner un degré de parenté différent, et être compris comme tel, de sorte qu'on ne pourra les employer combinés en parlant d'une seule et même personne dans ses rapports à une seule et même personne différente, mais uniquement d'au moins deux aïeux de degrés . différents, p. ex. mon bisaïeul et mon grand-père ; 3o il y a plus d'une objection à faire contre la leçon «äšitmä» («-mi») et la traduction «illustre»: il suffit de signaler que le thème dont ce mot devrait être dérivé, thème qui signifie «entendre, écouter», se présente toujours dans les inscriptions sous la forme de àsid avec d, jamais avec U deux sons qui sont d'ailleurs distingués avec la plus grande conséquence.) — Quels sont ces deux kagans? Si ce ne sont pas des figures tout à fait légendaires, d'un passé lointain, ce qui n'est pas vraisemblable, ce ne peut être à coup sûr que les deux premiers grands kagans des Turcs, les vrais fondateurs de l'empire turc (voir p. 61), ceux que les Chinois appellent Tou-men et Mo-kan, son fils, aussi appelé Sze-kin ou Sze-teou, nom sous lequel se cacherait peut-être une forme turque Istàmi (comp. toutefois Se-ti-mii, Visdelou p. -48 b, Che-tie-mi, Deguignes, I, 2, p. 463?).

Ołurmyš, «s'élevèrent» et oèurypan, «après être devenus maîtres», root à mot «s'assirent», «après s'être assis», voir p. 33, note 1.

2) [I E 1, II E 3] Le mot il (él) désigne un peuple ou une réunion de peuples considérés comme formant un tout indépendant et organisé et ayant à sa tête un kagan. La meilleure traduction est souvent «empire», pourvu toutefois qu'on n'y rattache pas des idées trop européennes d'État ayant une organisation fixe (comp. le tableau intéressant de l'évolution historique des nomades turcs, ainsi que des fondations de leurs États, dans Radloff, Das Kudatku Bi-