Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lik, I, St.-Pélersbourg 1891, p. LI et suiv.). Le mol budun désigne le peuple, tant en général que par opposition aux chefs, au kagan et aux begs.

3) [I E 2, II E 3] Mot à mot clés quatre coins du monde étaient ennemis (en état d'hostilité, en guerre) en grand nombre». Quant au mot qop, «beaucoup», voir p. 19, note 2. (Je sais bien que la contraction qop pour qopup ou qobup se trouve dans les langues turques du Nord modernes; mais cela ne saurait justifier l'existence d'une telle forme dans la langue beaucoup plus antique des inscriptions.)

4) [I E 2, II E 3] Mot à mot, par un idiotisme turc connu, «ceux qui avaient une tête, il(s) les fi(ren)t se baisser, ceux qui avaient des genoux, il(s) les leur fî(ren)t ployer». Baêlyy et tizUg sont des adjectifs parallèles, formés de baê, tête, de tiz^ genou, + Taffixe 4yy, -lig, p. 21; jûkûndûr- est la forme transitive de jûkûn- (djag.)i être courbé, incliné, se prosterner, sôkûr-, forme transitive de sôk(û)- (ouig), ployer le genou, se mettre à genoux (VXm- BBRT, Etymol. Wôrterbuch, p. 187, no 199, III, comp. Radloff, Phonetik, p. 150) = djag. âôk-, id., forme transitive, ëôkûr- (aussi osm.). — Radloff: «die Hâuptlinge unterwarf er sich und machte sich die Hoheit C^àtislignh) unter- than», ce qui enfreint la règle du parallélisme (voir p. 96). Quoique baëiyy pût très bien signifier «chef», un substantif dérivé tel que caltesse» devrait nécessairement avoir l'affixe lik, (-iyq), que ce dialecte distingue encore ri- goureusement de l'affixe adjectif 4yy, -lùj (4y, li). Par conséquent on aurait dû avoir àtizlik, pourvu que l'adjectif «haut» ait été exprimé ici par àtis et non pas, ce qui est plus vraisemblable, par àdis, avec d (comp. âdiz note 64?; dans I N 12 et II S 14, où Radloff lit âiiz, les deux inscriptions ont en réalité ièin).

5) [I E 2, II E 3] Je rends qadyrqan jy§ par «forêt de Kadirkan», tandis que Radloff voit dans qadarqan (c'est là sa leçon dans le texte) un adjectif ordinaire, et il traduit «der dichte Bergwald», l'épaisse forêt de montagne, je ne vois pas bien pour quelle raison (comp. Radloff, p. 107; le mot, Jyè^ «Schwarz- wald, Bergwald, Waldgebirge», Radl. [forêt, montagne boisée], s'emploie aigour- d'hui même dans les dialectes de toutes les tribus montagnardes des Turcs du Nord). Cependant l'on trouvera que qadyrqan jyè s'emploie exclusivement quand il s'agit d'une localité déterminée, savoir les montagnes boisées qui ont constitué la limite orientale des Turcs et qui ont séparé ces derniers des peuples Kitaï et Tatabi (dans la Mandchourie de nos jours, voir p. 61, note 7; comp. I E 21 = II E 17, II E 39). En conséquence, qadyrqan Jy^ a dû être un nom propre et désigner, selon toute probabilité, les monts Khingan, en grande partie couverts de bois, ou bien certaines portions de ces montagnes. J'ignore l'accep- tion appellative de qadyrqan. 11 va de soi qu'on ne saurait en rapprocher le mot qadyryan^ qadaryan, dans les dialectes de l'Abakan (q. mal, bétail qu'on mène paîlre), de qadyr-^ garder. On serait plutôt tenté de penser au nom d'arbre ouigour (d'après Klaproth, Sprache und Schrift der Uiguren^ p. 13):